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Stretta, pour orgue et deux trombones (2009)
Création à l'Abbaye de Royaumont avec François Espinasse, Alain Rigollet et Étienne Lamatelle.

Écrire pour l'abbaye de Royaumont ne laisse pas indifférent, le lieu est fort et s'impose de lui-même. Lorsqu'il s'agit de l'orgue, instrument faisant partie intégrante du lieu et non importé spécialement pour le concert, l'espace de l'abbaye apparaît dès lors comme un élément constitutif du dispositif compositionnel. Et toute une littérature de la musica da chiesa revient à l'esprit, à l'oreille. On aura alors rapidement compris le choix d'adjoindre deux cuivres, référence à cette musique du passé et prolongement puissant de l'orgue dans l'espace.
La pièce commence par un véritable canon, d'abord à deux voix (les deux trombones), puis à 4 (les trois instruments), qui est à plusieurs reprises interrompu par un violent accord de l'orgue peu à peu suivi de quelques mesures rythmiques qui deviennent de plus en plus longues à chacune de leurs apparitions.. Ainsi, le canon de départ sera peu à peu érodé puis remplacé par une écriture plus libre et très serrée entre l'orgue et les trombones. On retrouve cette idée de resserrement des voix dans le canon original ainsi que dans tous les éléments frappants de la pièce : longs glissandis vers le grave, "sonneries" de la partie centrale, lente texture de la fin dans laquelle les sons se "courent" après. Seules, quelques mesures de la partie centrale donneront l'occasion aux instrumentistes de se "caler" et de jouer de manière homorythmique.
Dans Stretta, il n'y a pas de jeu intellectuel sur les rapports rythmiques des instruments mais plutôt le désir d'utiliser l'espace de façon sensible, le jeu sur les "délais" entre les instruments mettant en valeur les relations de timbre qu'ils entretiennent et permettant de profiter de l'acoustique du lieu.
Les différentes registrations de l'orgue aux changements souvent périlleux, sont ici souvent conçues comme des transformations continues du timbre de l'instrument qui fusionne progressivement avec celui des deux trombones ou au contraire s'en éloigne. A ce propos, je tiens à remercier François Espinasse pour ses précieux conseils sans lesquels je n'aurais pu mener à bien l'écriture de cette œuvre.

Philippe Hurel

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