Diamants imaginaires, diamant lunaire, pour ensemble instrumental (22 musiciens) et électronique Live (1984)

Ces deux pièces composées en 1985, s'enchaînent sans interruption et forment avec "Fragment de Lune" un cycle de trois pièces dont les préoccupations sont identiques et dont la complexité formelle croît de l'une à l'autre.

Dans la composition de musiques mixtes, il s'avère toujours très difficile de trouver une syntaxe commune à l'écriture instrumentale et à la réalisation électronique.

Si dans ces pièces j'ai utilisé deux synthétiseurs numériques, ce n'est pas à des fins décoratives, mais structurelles: la machine peut être considérée comme un générateur de modèles acoustiques que l'orchestre pourra simuler (le synthétiseur, à ce moment là, absorbera l'orchestre) , ou comme un instrument traditionnel de type percussion par exemple (le synthétiseur sera alors absorbé par l'orchestre détenteur de modèles acoustiques.)

Trois principes sont à l'origine de la composition de ces deux pièces: la synthèse par modulation de fréquences (qui est le mode de fonctionnement des synthétiseurs), l'interpolation (processus de transition d'un point à un autre utilisé notamment dans la synthèse par ordinateur), la formation de "mélodies" (au sens psychoacoustique du terme: flots). Ainsi, dans une même section, peuvent se superposer plusieurs processus d'interpolation(calculés à l'aide de l'ordinateur) appliqués à différents paramètres: interpolation harmonique et interpolation de timbre (entre des spectres de modulation de fréquences,par exemple, dont on peut varier les enveloppes , les rapports fréquentiels par l'intermédiaire de fonctions...), interpolation de "mélodies", de durées, de densités instrumentales...

En considérant l'idée d'interpolation de façon plus générale, il devient alors possible de créer des transitions entre des structures qui sont perçues comme antithétiques au départ.

Dans "Diamant Lunaire", une structure globale perçue comme un timbre fusionné (écriture "microscopique") se transforme progressivement en une structure de "mélodies" (écriture "macroscopique" ) qui sont interpolées par la suite vers un timbre de bloc de bois.

Sur le plan formel, ces deux pièces se présentent comme un "trajet" constitué lui même de multiples petits "trajets" entre des points de départ et d'arrivée.

Certains éléments (timbres, "mélodies", structures rythmiques...) générés lors d'un processus d'interpolation pourront servir de bornes à un nouveau trajet, prenant ainsi le statut de matériau éphémère. Ces éléments, non remarqués lors de leur première apparition sont reconnus et mémorisés par l'auditeur, et finissent par créer une thématique de l'oeuvre.

Philippe Hurel

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